1 - Darafify
2e édition (modif.)

Texte de Eric Ravalisoa, dessins de Max Hariman

(page 4) Il était une fois, chers enfants, un homme gigantesque, un géant qui vivait  dans l'Est  de Madagascar. Il pouvait, disait-on, atteindre le ciel de ses mains. On l'appelait Darafify ou Rapeto.
Darafify pouvait refouler les vagues, en soufflant dessus. D’un seul saut, il pouvait enjamber plusieurs collines. Il était cependant très gentil et n’aimait faire de mal à personne.

(6) Voilà Darafify en train de fouiller dans le ciel. En effet, une nuit, sa femme lui avait dit : « S’il te plaît,  prends-moi la lune qui est là-haut. » Darafify aimait tellement sa femme qu’il lui cueillit la lune.

(8) Mais la lune tomba sur la terre, parce qu’il n'avait pas su la tenir et  brûla de vastes forêts. Stupéfaits et fâchés devant l'ampleur de cet incendie, les gens se rassemblèrent pour se concerter.

(10) Mais, chers enfants, pendant que les gens étaient occupés à discuter sur ce qu'il fallait faire, le feu faisait des ravages : les lémuriens, les caméléons, les tortues furent exterminés.

(12) Le feu s’étendit, les maisons brûlèrent avec tout ce qu’elles contenaient, les zébus, les porcs et la volaille furent décimés, les champs de patates douces et de brèdes calcinés, les fôrêts réduites en cendres et l’eau salie.

 

(14) Les gens n'avaient plus sous les yeux qu’un seul arbre, droit et d’une taille vertigineuse. Ils déclarèrent que cet arbre gigantesque était dangereux et qu’il fallait l’abattre.

(16) L’assemblée se sépara. Mais on ne tarda pas à revenir avec une hache. Certains même étaient munis d' un coupe-coupe.

(18) Les gens s’attaquèrent au grand arbre avec leur hache, faisant couler des flots de sève rouge sang.
« Hé bé ! vous voyez, n'est-ce pas un arbre maléfique? le bois est rouge comme le sang », dirent-ils, saisis de stupeur.

(20) Pris de panique. beaucoup s’enfuirent.
Certains réussirent tout de même à conserver leur sang froid et ordonnèrent aux fuyards de revenir. Les arbres maléfiques, disaient-ils, devaient être abattus.
Serrant les dents, ils s'acharnèrent pour abattre définitivement l’arbre de malheur.

(22) Après de longs efforts acharnés, l’arbre gigantesque s' écroula. Ce fut à ce moment-là seulement que les gens se rendirent compte qu’il s’agissait de Darafify et non d’un arbre.

Les gens furent heureux de le voir abattu. Darafify recouvrait de son corps immense des plateaux désertiques.

(24) Mais le sang de Darafify, disait-on, ne cessait pas de s’écouler et se changeait en engrais. Son sang rendit fertiles les terres désertiques et fit germer une grande quantité d'espèces d’arbres différents.

(26) Plus tard, les arbres poussèrent en abondance dans cette région, donnant ainsi naissance à l'ancien dicton : « Jamais tu n’épuiseras la forêt de l’est ».

Contes, contes, légendes, légendes !
Moi, je raconte, vous, vous écoutez !
 (460) J. (bpr II/15)