Historique
Pourquoi les prisons, pourquoi des bibliothèques ?
Une visite que Basilisse a effectuée avec une amie anglaise dans les quartiers des femmes et des mineurs de la Maison Centrale de la capitale (Antanimora / Antananarivo), est à l'origine de nos
activités autour du livre dans le milieu carcéral. Face aux conditions de détention extrêmement précaires, devant la détresse humaine et le manque quasi total d’occupations, la lecture est une
activité qui peut contribuer à l’humanisation des conditions carcérales, à la socialisation ou au maintien des liens sociaux chez les détenus. Leur donner une grande variété de livres, suivant
leurs intérêts, principalement en langue malgache, les inciter à la lecture, par exemple, d’ouvrages scolaires, de manuels de formation et d’apprentissage dans différents domaines, c’est essayer
d’améliorer leurs chances de réinsertion après la détention. La lecture est également un loisir sain, agréable, en outre gratuit pour eux. Pour les détenus de longue durée qui ne reçoivent pas de
visites, les livres restent le seul lien, la fenêtre qui doit être maintenue ouverte avec le monde extérieur.
Objectif
En juin 2007 fut alors créée par un petit groupe de personnes amies de Madagascar, des Allemands et des Malgaches, une association de droit allemand, non confessionelle, apolitique et sans but
lucratif, dénommée Madagasikara Namako. Reconnue d’utilité publique, elle a pour objectif de créer ou réhabiliter, approvisionner et gérer des bibliothèques dans les
prisons. Toutes les activités sont strictement bénévoles, sans honoraires, per diem ni frais administratifs pour les membres et les collaborateurs.
Madagasikara Namako achète une grande diversité de livres qui véhiculent la culture malgache, existant sur le marché local et principalement en malgache, langue
maîtrisée par la majorité des détenus : histoire, religion, philosophie, coutumes,éducation familiale et citoyenne, éducation et psychologie des jeunes, romans, poèmes, nouvelles, pièces de
théâtre, kabary, manuels scolaires, livres de formation, d’apprentissage (menuiserie, électricité, élevage, agriculture, artisanat, micro-entreprises), dictionnaires, bandes dessinées, brochures
d’hygiène et de santé, etc.
Les ouvrages de culture étrangère (français, anglais, arabes, espagnols, allemands, italiens) ainsi que les revues et magazines, nous sont donnés par des personnes privées en Europe et à
Madagascar, des centres culturels étrangers à Antananarivo.
La responsable locale de projet visite avec son mari 2 fos par an les bibliothèques dans les provinces, coordonne le travail des partenaires et les besoins des bibliothèques. Elle se charge
également du bon fonctionnement de la bibliothèque d’Antanimora (la plus grande avec plus de 4000 ouvrages) avec l’aide, comme en provinces, d'une équipe de détenus formés et responsabilisés pour
ce travail par Madagasikara Namako..
C’est un travail de patience et de longue haleine (enregistrement des livres, service de prêt, inventaire annuel, réparation artisanale d’ouvrages, etc.).
Conditions d’implantation
Une bibliothèque a besoin
- d’un endroit sec,
- de la coopération de l’Administration pénitentiaire qui doit être convaincue de l’utilité des bibliothèques
- d’un suivi effectué par un comité local (société civile et religieuse) déjà impliqué dans les activités humanitaires au sein du milieu carcéral
- de conditions générales permettant le « luxe » de lire : nourriture suffisante, soins médicaux, endroits propres.
Comme 50% seulement des détenus savent lire et écrire (un peu plus dans les grandes villes des Hauts-Plateaux, moins dans les petites villes et à la côte), certains détenus analphabètes paient
des camarades lettrés (liseurs) pour leur lecture personnelle.